Arrivé à Clemenceau un peu par hasard en septembre 2006 pour y suivre l’option « musique », j’y suis finalement resté cinq ans assez mémorables et qui m’auront marqué pour de nombreuses années, contribuant grandement à la personne que je suis devenu.
Il y a d’abord eu une année de Seconde merveilleuse, pleine de découvertes, de nouvelles sensations, de joies et de tristesses, d’états d’âme de toutes sortes, mais aussi de franche camaraderie, partagée autour de bouteilles de cidre vidées en cachette aux abords de l’établissement pendant les pauses, alors que nous rêvions tous un peu naïvement à ce qu’il adviendrait de nous dans la suite (avouons-le, pas toujours à long terme). L’un des faits les plus marquants de cette année fut probablement mon premier contact avec le « vrai » monde extérieur, via le cours de sciences économiques et sociales, mais surtout grâce à M. Pichavant, professeur plein d’un sens critique précieux et d’une empathie bruyante et vraie, qui le premier m’encouragea à me poser des questions et à m’indigner des nombreux non-sens et injustices que l’on tolère trop souvent dans nos sociétés aujourd’hui : probablement l’une des étapes les plus déterminantes dans mon parcours et mes engagements aujourd’hui. Je ne le remercierai jamais assez.
S’en est suivi une Première et Terminale scientifiques plutôt réussies, là encore pleines d’intensité, d’apprentissage, de découvertes et de réflexion. J’en retiens quelques bons souvenirs, comme les heures un peu languissantes de certains cours qui me permirent de créer une secte assez rigolote qui compta de nombreux membres et qui m’a laissé le surnom de « Guru » jusqu’à aujourd’hui. Il y eut aussi le bicentenaire du lycée, et les débuts de mon engagement dans les diverses organisations liées à l’établissement : le CVL, le Conseil d’Administration… J’aimais mieux comprendre le fonctionnement de la maison, voir un peu l’envers du décor, mais avouons-le, j’étais aussi fasciné à l’idée de partager des coupes de champagne avec le proviseur à la fin des réunions ! J’eus l’honneur également de découvrir la « plaque » du bicentenaire, tout endimanché en soldat napoléonien, un beau jour d’avril 2008. Les personnes qui partagèrent avec moi cette époque, et un petit noyau dur en particulier, contribuèrent à changer ma vie à tout jamais. J’ai eu la chance et l’opportunité de conserver un peu de ce monde-là dans un projet collectif qui vit le jour en fin de Terminale : le Livre d’Or du Lycée. Ce recueil d’environ 200 pages intitulé « Je me souviendrai toujours… », et que nous produisîmes tant bien que mal Gabriel Legrand et moi, fut vendu à presque toute notre promotion. Ils partaient avec, dans leur sac : un trombinoscope de promotion, des informations sur chacun de nous, nos rêves à tous, nos projets, nos meilleurs souvenirs au lycée, nos classes, etc. Mais aussi des photos, des articles, des interviews, des retours sur tous les temps forts qui avaient fait notre scolarité : les Tête de l’Art, les blocus, les voyages scolaires, l’insouciance de ces années-là, les cours, etc.
J’ai tout de même décidé de rester quelques temps de plus en ces murs et suis parti en prépa ECS, après avoir grandement hésité avec la prépa BL d’un autre lycée nantais. Le hasard d’une journée « portes ouvertes » me fit découvrir cette prépa aux grandes écoles de commerce dont je ne soupçonnais pas l’existence à Clemenceau. Clem’ étant à 10 minutes de chez moi, au contraire de la prépa BL qui était à près d’une heure de transport, je fis rapidement le calcul du temps de sommeil que j’y gagnerais chaque matin et décidais de rempiler pour deux ans ! Une période qui se révéla très stimulante intellectuellement, parfois très dure, mais qui se solda d’une part par ma détermination nouvelle à trouver par tous les moyens comment avoir un impact positif au cours de ma vie sur le monde que j’observais, et d’autre part par un aller simple pour l’emlyon business school, à Lyon.
Deux écoles plus tard, et bien des kilomètres parcourus entre l’Inde, le Togo, la Bulgarie, l’ex-Yougoslavie, le Mexique ou encore la Pologne, et bien des expérimentations qui font sens tentées de l’humanitaire au développement durable en passant par l’innovation sociale, la finance solidaire ou le social business, et bien des rencontres plus tard, et bien des projets dans la tête et à portée de main pour essayer de rendre hommage au lycéen que j’ai été et ses nombreux rêves, je m’engage aujourd’hui dans un premier emploi à la croisée de l’environnement, de la conduite du changement et de la responsabilité sociale des entreprises, nourrissant l’espoir de contribuer de ma petite pierre aux évolutions que je sens nécessaires pour notre système économique. En parallèle d’une telle ambition presque présomptueuse, je remplis ma vie de musique, ou encore d’engagements politiques et associatifs.
Une affaire à suivre, si joliment initiée il y a tout juste dix ans,
alors que je préparais ma rentrée rue Stanislas Baudry.
Clément Castagna
Mail : castagna.gfy@gmail.com
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