Fernand Xau
(1852-1899)
Elève
Journaliste
Fernand Xau aux côtés de Briand et Clemenceau
(extrait d’un tableau Charles Toché)
Livre du Bicentenaire (Coiffard, 2008)
Dictionnaire biographique
Notice signée : Jean-Louis Liters
XAU Fernand
(1852-1899)
Élève / Journaliste
Né le 22 avril 1852 à Nantes, d’un père voilier et d’une mère tailleuse.
Il est le condisciple de Fernand Gasnier au cours d’enseignement secondaire spécial du lycée.
A Nantes, il débute en 1874 dans La Lorgnette, le journal des théâtres, puis il fonde Le Foyer, L’Étincelle, La Silhouette, publications littéraires ou satiriques éphémères, avant d’entrer au Phare de la Loire, le journal des Schwob.
En 1880, il publie une brochure sur Émile Zola. Parti à Paris, il est l’un des premiers reporters de l’histoire de la presse et innove en pratiquant l’interview. Chargé des échos et des faits divers, il écrit au Voltaire, au Gil Blas (qu’il dirigera après 1897), à L’Écho de Paris. Le 28 septembre 1892, il fonde Le Journal, quotidien « littéraire, artistique et politique », qui connaît un grand succès et qui s’attache des collaborateurs prestigieux : Octave Mirbeau, Alphonse Allais, Maurice Barrès, Jules Renard, Séverine.
Xau accueille de nombreuses manifestations festives données par l’Association parisienne des anciens élèves du lycée de Nantes dans la salle de spectacle du Journal. Il charge Charles Toché de la décoration de son hôtel parisien, avenue d’Iéna.
Épuisé par le travail, il meurt à Grasse au printemps 1899.
Article publié par Ouest-France (édition du 22 avril 2019)
« Fernand Xau,ce Nantais qui polémiquait avec Zola
Fernand Xau a fait carrière journalistique à Paris.
DR
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Aucune rue de Nantes ne fait référence à son nom. Pourtant, ce journaliste a été un homme influent dans la France politique de la fin du XIXe siècle.
Né à Nantes le 22 avril 1852, Fernand Xau est l’imprésario en France de Buffalo Bill. Il a ensuite collaboré au Phare de la Loire, journal de Nantes. En 1880, il travaille à L’Écho de Paris. En 1892, il crée Le Journal, dont il est nommé rédacteur en chef. Il acquiert ainsi la notoriété.
Le quotidien atteindra un million d’exemplaires en 1913. On y lit les signatures de Barrès, Zola, Daudet, Renard, Allais ou Clemenceau. C’est Xau qui mettra le pied à l’étrier du journalisme à Octave Mirbeau (1848-1917), en le recrutant en qualité de chroniqueur, conteur et critique d’art au Journal.
« Le monsieur le plus courtisané de France »
Preuve de l’influence de Fernand Xau sur le monde politique et les affaires, dans une lettre à Camille Pissarro de novembre 1892, Mirbeau dévoile les dessous du Journal et montre un Xau assailli de quémandeurs de tout poil et caressant de cyniques arrière-pensées : « Il paraît que Xau est le monsieur le plus assailli, le plus courtisané de France, pour le moment. On voit dans son antichambre des foules respectueuses, qui attendent des jours, des semaines, des mois, la faveur d’être reçues par lui, ou seulement l’espérance de le voir. Ce sont des députés, des sénateurs, des académiciens, des évêques, des généraux, des peintres, des aéronautes. »
Mirbeau prétend aussi que Le journal vit sur les fonds de « grosses légumes d’entrepreneurs, qui ont commis des quantités d’escroqueries et de vols dans l’affaire du Panama ». Le quotidien leur apporte influence pour « tâcher de ne pas passer en police correctionnelle ».
Mirbeau retient aussi que Xau n’est pas dupe et « comprend très bien que, le jour où ces brigands-là seront sauvés, ils retireront peut-être les fonds. Il travaille, en sous-main, pour les faire passer en correctionnelle ».
Fernand Xau est anti-dreyfusard. Il juge que Zola a commis « une mauvaise action » en publiant J’accuse, le 13 janvier 1898. Mirbeau, dreyfusard, réplique, dans L’Aurore, que c’est Xau qui « a commis envers Zola un acte d’inconvenance […] Je ne lui reproche pas d’avoir des idées autres que celles de Zola. Je lui reproche seulement de les avoir exprimées sur un ton qui ne convenait pas. Il était tenu à la déférence envers un homme qu’il connaît assez pour savoir que Zola est un grand honnête homme et qu’il ne commet pas une mauvaise action. » Il ne cherchera pas à se brouiller avec Xau, pour autant.
Alcoolique et souvent ivre, Fernand Xau meurt le 1er mars 1899. Aucune rue nantaise ne porte son nom. une simple plaque, apposée sur sa maison natale, rue Franklin, rappelle que le fondateur du Journal était nantais. »