FAGAULT Emmanuel
(1876-1925)
élève / médecin militaire
(archives familiales)
Recherche
et notice biographique
de
Maryvonne Trochet
(29 février 2020)
Emmanuel Fagault naît à La Turballe, le 22 juin 1876. Son père René y dirige la plus ancienne et la plus importante conserverie locale : l’usine d’Alfred Pellier, un manceau qui deviendra le premier maire de la commune, créée en 1865, après sa séparation d’avec Guérande.
Emmanuel est successivement élève de Saint-Jean Baptiste, du Petit Séminaire de Guérande où la famille a déménagé. En 1894, il entre au Lycée de Nantes (actuel lycée Clemenceau), il y décroche le premier prix de conférences religieuses.
Titulaire du baccalauréat complet, en deux parties, probablement sur les conseils de son beau-frère, le docteur Alcime Théodore Rousseau, installé à Herbignac, il entame des études de médecine d’abord à Nantes, puis à Brest où il prépare le concours d’admission à l’École Navale . Il revient dans la région comme interne à l’hôpital de Saint-Nazaire. A la fin de l’année 1923, il soutient à Paris une thèse de 99 pages intitulée « recherches cliniques et expérimentales sur l’empoisonnement par les champignons ». Il s’installe au 5 rue du bois à Auray (56) en avril 1904, il y exerce jusqu’en janvier 1912. Sa fille Anne naît, en 1906, de son union, en 1902 , avec Anne-Marie Ferrant, originaire de Vannes.
C’est un médecin estimé de tous qui soigne gratuitement ceux qui le consultent (Assistance médicale gratuite). Attiré depuis son plus jeune âge par la mer, il embarque de mars à octobre 1912 comme médecin à bord du navire-hôpital « Le Saint François d’Assise » pour secourir les pêcheurs de Terre Neuve et d’Islande. A son retour, en possession du titre de médecin sanitaire maritime, il part sur le paquebot construit aux chantiers de Penhoët « La Champagne » reliant Le Havre à New-York.
(archives familiales)
Mobilisé en 1914, il exerce comme médecin major d’abord de seconde classe puis de première classe, comme chef de l’ambulance 12/XI. Il se distingue pour «son sang-froid, son dévouement, son complet oubli de la fatigue» . Il fait l’objet de deux citations, la première à l’ordre du corps d’Armée, par le Général de Villaret en novembre 1915 ; la seconde à l’ordre de la Division, par le Général Targe, pour avoir réussi à « maintenir la plus parfaite tenue de son personnel… pendant les bombardements de sa formation à Jussy les 14 et 15 juillet 1917 ». De plus, le médecin divisionnaire Arnavielhe, dans un rapport daté du 4 juin 1918, le félicite pour «son activité inlassable et son dévouement de tous les instants». Ce concert d’éloges valent à Emmanuel l’attribution de la légion d’honneur, le 1er septembre 1920.
Malheureusement, peu avant l’armistice, le docteur Fagault est victime d’une intoxication par les gaz, qui déclenche «une tuberculose pulmonaire évolutive, avec caverne au sommet gauche, rudesse respiratoire au sommet droit». Il est rayé des cadres et part se soigner deux ans sur la côte d’Azur. Son état de santé s’améliore, il reprend à Guérande ses consultations, en 1923. Il épuise ses forces. Faute de se ménager (il préside l’association « Frères d’Armes » qui s’efforce d’obtenir une pension pour les mutilés ou les blessés de guerre), il s’éteint, à l’aube de ses 49 ans, à son domicile, au 58 du faubourg Saint Armel, le 9 juin 1925, laissant une veuve et deux enfants. Une foule considérable l’accompagne à sa dernière demeure, dans le vieux cimetière de Guérande. Il laisse un grand vide car il était unanimement apprécié pour ses qualités humanitaires.