Georges AMBROSINO
(1912-1984)
professeur de sciences physiques
scientifique et philosophe
Georges AMBROSINO (1912-1984)
Brève biographie d’un scientifique
à la forte personnalité
par Jean-Paul BOUCHOUX
Né à Paris le 2 octobre 1912 de parents italiens, immigrés au début du XXe siècle.
Etudes scientifiques au lycée Chaptal à Paris. Reçu à l’école Polytechnique en 1933, mais il démissionne, ne souhaitant pas faire une carrière militaire.
D’octobre 1933 à octobre 1934 il est boursier de licence à l’université de Grenoble où il obtient sa licence de sciences physiques (calcul différentiel, physique générale et chimie générale).
Boursier ensuite à l’université de Strasbourg, il y obtient son diplôme d’études supérieures en 1936.
A nouveau boursier à l’université de Grenoble à partir d’octobre 1936, il obtient l’agrégation de sciences physiques en 1938 (reçu 30e).
Enchaînant sur le service militaire (dans la cavalerie), il est mobilisé en 1939 comme sous-lieutenant.
Retour à la vie civile au cours de l’été 1940 : après un mois au lycée de Laval, il est nommé à titre provisoire en novembre au lycée Clemenceau de Nantes, en remplacement de René Chéneau, prisonnier de guerre. Il y restera jusqu’en 1943.
A partir de 1932, jeune étudiant, il a fréquenté les milieux de gauche, dans une mouvance communiste antistalinienne, signant plusieurs articles dans diverses publications, dont la revue « Acéphale » qu’il a contribué à créer avec Georges Bataille. Il restera longtemps en contact avec ce dernier, donnant lieu à une correspondance abondante, parfois tumultueuse, au fil des années.
C’est au cours de ces premières années militantes qu’il rencontre sa future femme, Esther Tabacman, fille d’émigrés russes d’origine juive ; il l’épousera en 1940. De leur union naîtra une fille, Véronique, en 1941.
En 1943, Georges Ambrosino est nommé au lycée Ampère à Lyon (où il restera jusqu’en 1946). C’est à cette époque qu’il participe comme agent de renseignements au réseau de Résistance d’Henri Frenay, lui-même ancien élève du lycée Ampère.
En 1946, il est nommé professeur au lycée Charlemagne à Paris et rejoint en même temps le laboratoire de physique des rayons X de Maurice de Broglie, rattaché à l’Institut de France. Maurice de Broglie ayant pris sa retraite, Georges Ambrosino assurera assez rapidement la direction du laboratoire (en octobre 1947) après avoir été nommé chargé de recherche au CNRS.
A partir de cette date, Georges Ambrosino se consacre essentiellement à la recherche en physique nucléaire mais il continuera à publier certains textes philosophiques en complément de son activité scientifique débordante, et il animera des réunions informelles autour de la philosophie, la politique, la sociologie, les arts…jusqu’aux années 1970.
Sur le plan scientifique, il participe à de nombreuses expérimentations, concernant notamment le parcours des rayons alpha dans l’aluminium, l’annihilation de l’électron positif (le « positon » en français, « positron » en anglais), s’intéressant à l’utilisation en médecine des isotopes radioactifs (rôle de l’iode 131 dans le traitement de maladies tyroïdiennes) ou encore à des réactions essentielles au phénomène de fusion nucléaire.
En même temps il dirige d’importants travaux de thèses (une quinzaine entre 1950 et 1964) sur la structure nucléaire des atomes, ou encore sur le rôle d’une jonction p-n dans la détection de particules chargées.
Outre sa participation à de nombreux colloques et conférences, il rédigera beaucoup d’articles essentiellement scientifiques dans la jeune revue « Critique ».
De 1959 à 1961, Georges Ambrosino fait un cours hebdomadaire de physique nucléaire aux ingénieurs de certains services du Commissariat à l’énergie atomique (CEA). C’est la période où l’on construit à Marcoule des réacteurs nucléaires de type « uranium naturel-graphite-gaz » et où la France développe la bombe A (les premiers essais ont lieu au Sahara en 1960, dans la région de Reggane).
En 1960, Ambrosino publie « Eléments de physique nucléaire » en collaboration avec Daniel Blanc, directeur du Centre de physique atomique de l’université de Toulouse après avoir été ingénieur au CEA. Une seconde édition, entièrement refondue, verra le jour en 1967.
A la mort de Maurice De Broglie en juillet 1960, Georges Ambrosino poursuivra, sous sa propre responsabilité l’activité du laboratoire des rayons X, puis l’intègrera dans le laboratoire d’Yves Rocard à Brétigny-sur-Orge en 1963.
Il sera alors nommé conseiller scientifique au CEA, où il restera jusqu’à sa retraite en 1977.
Georges Ambrosino meurt à Paris le 12 octobre 1984.
Jean-Paul BOUCHOUX a longtemps été professeur
de sciences physiques
dans les classes préparatoires scientifiques
du Lycée Clemenceau