Le père, Charles Averty,
et l’oncle, Alphonse Averty,
de Jean-Christophe Averty,
« le dernier ( ? ) des surréalistes »,
avaient été élèves du lycée de Nantes,
vers 1910,
sur, hasard objectif,
les mêmes bancs
que la bande des Sârs
des Vaché, Sarment et Bisserié !
Ouest-France, 29-30 octobre 1994
Nés tous les deux à Saint-Jean-de-Boiseau (Loire-Atlantique), Charles Averty, le 10 juillet 1894, et Alphonse Averty, le 18 octobre 1895, sont les fils d’un instituteur et d’une institutrice de l’école publique de la commune. Ils ont été élèves pensionnaires au lycée de Nantes.
Durant l’année 1912-1913, année de l' »Affaire du lycée », Alphonse est en classe terminale Mathématiques avec Paul Perrin et Pierre Riveau (l’auteur de l’article « L’Anarchie » de la revue En route, mauvaise troupe… à l’origine de l’affaire). L’année suivante, Alphonse prépara au lycée l’entrée à l’Ecole de Saint-Cyr !
Jean-Christophe Averty, rencontré à Nantes en janvier 1995, n’avait pu nous dire si son oncle avait participé aux bagarres dans la cour d’honneur du lycée entre auteurs de la revue et élèves de la Prépa Saint-Cyr.
Il n’est pas interdit d’imaginer l’oncle du « dernier des surréalistes » faisant le coup de poing contre les pré-surréalistes de la bande des Sârs !
Ouest-France, 28 février 1995
A l’occasion de l’exposition de 1995 « Le rêve d’une ville, Nantes et le surréalisme » de nombreux films liés au surréalisme ont été présentés aux Nantais.
Un premier cycle fut consacré du 17 au 28 janvier à Jean-Christophe Averty avec, le mardi 17 janvier, en présence du réalisateur, la présentation des films « Rêve d’une ville » et, inspiré par le roman de Julien Gracq, « Un beau ténébreux ».
Sur les pas de son père et de son oncle,
sur ceux aussi de la bande des Sârs,
Jean-Christophe Averty a rendu visite
au lycée Clemenceau
le vendredi 2 décembre 1994.
Chroniqué par Jean-Louis Liters, le 6 mars 2017
Jean-Christophe Averty
sous la plume de Arnaud Schwartz
(La Croix, lundi 6 mars 2017)
La télévision française doit beaucoup à ce réalisateur et animateur, grand inventeur de formes, décédé samedi à l’âge de 88 ans.
Provocateur et cultivé, cet héritier du surréalisme avait une très haute idée d’un média qu’il érigea en art, avec le désir – déjà – de « réveiller le téléspectateur ».
Jean-Christophe Averty, lors d’une exposition qui lui était consacrée, en 1992. / Gabriel Bouys/AFP
La tête de Gilbert Bécaud entre deux quartiers d’orange ? Un Henri Salvador grimé et démultiplié sur l’écran, sur un fond de notes de musique en forme de cœurs ? Des poupées réduites à la moulinette ? Des danseurs passant du noir au blanc et inversement en sautant sur les cases d’un damier ? Un Ubu Roi complètement foldingue ? La télévision selon Jean-Christophe Averty, né en 1928 d’un père quincaillier et d’une mère institutrice, n’avait rien de commun avec ce qu’on en connaît aujourd’hui. Point de bla-bla faussement compassé, d’outrances faciles ou de course insipide à l’immédiateté, mais une invention permanente qui, tout en défrisant les patrons de chaîne, contaminait les foyers de sa folie, dans le noir et blanc de l’ORTF d’abord, en couleurs ensuite.
Stupéfiant artisan de la télé, insatiable chercheur qui se vivait en « peintre électronique » et alliait la bidouille technique à une culture profonde et diversifiée, le réalisateur et animateur Jean-Christophe Averty est décédé samedi à l’âge de 88 ans. Bien que diplômé de l’Idhec, prestigieuse école de cinéma aujourd’hui dénommée Fémis, il s’était tourné avec passion vers le média audiovisuel pour l’élever au rang d’art, jusqu’à ce que ses admirateurs inventent pour lui le terme de téléaste.
Avant que l’informatique ne révolutionne les effets spéciaux, Jean-Christophe Averty mêlait les formes avec une fantaisie saisissante, assumait ses influences surréalistes et dadaïstes tout en se délectant de trucages que Georges Méliès n’eut pas reniés. Si l’auteur du Voyage dans la lune débuta avec le 7e art, ce pourfendeur du « réalisme » s’empara de la toute jeune télévision, en quête de légitimité, pour y semer la zizanie, avec un sens inné de la provocation « anar » et de la dérision. Cela lui valut de tonitruantes levées de bouclier. Mais prenant d’emblée le contre-pied d’une télé trop lisse et solennelle, il fit du petit écran un espace d’une incroyable liberté. En dépit de sa brièveté (entre 1963 et 1964), l’émission Les Raisins verts, pointée pour ses audaces subversives, lui valut une reconnaissance hors des frontières et un grand prix international de la télévision américaine. Au total, avec des centaines d’émissions en cinquante ans de carrière, cet adepte de pataphysique et admirateur d’Alfred Jarry a marqué la télé de son empreinte durable. Collaborant à des « institutions » telles que « Cinq colonnes à la une » ou « Dim Dam Dom », il ne cessait d’explorer, dans des programmes comme « Douches écossaises », « Au risque de vous déplaire », « Show effroi ». Il réalisait, avant l’invention du mot « clip » qu’il détestait, des mises en scènes virtuoses pour tous les chanteurs en vue, de Montand à Vartan, y compris Serge Gainsbourg pour l’album concept Melody Nelson. On lui doit aussi des mises en scène de théâtre, de fictions et de documentaires. Passionné de jazz et de chanson française, il avait par ailleurs sévi à Radio France, avec l’émission « Les cinglés du music-hall ».
Son léger zézaiement et son débit rapide, aussi célèbre que ses colères en régie et son « fichu caractère », ne l’empêchaient pas de défendre encore et toujours ses convictions. Comme lors de cette « À voix nue », en novembre 2015 sur France Culture. Manger devant la télévision ? « Mais c’est comme se moucher avec les pages d’un livre ! »
Arnaud Schwartz
La Croix en ligne, 6 mars 2017
Jean-Christophe Averty
sous la plume de Renaud Machart
(Le Monde, mardi 7 mars 2017)