2024/07/11 – Le Tigre déconfiné N°55 « Education et Discipline au lycée Clemenceau dans les années 1930 » (Jean-Louis Liters)


Le Tigre déconfiné N°55

de juillet 2024 est publié

 

« Education et Discipline

au lycée Clemenceau

dans les années 1930″

 

 

 

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LTD N°55 Education et Discipline

 

Et vous découvrirez les règles de vie au lycée Clemenceau entre les deux guerres avec une discipline qui a peu à voir avec celle en vigueur aujourd’hui.

Pour autant des élèves s’affranchissaient de cette discipline…

 

 

 

Bonne lecture

Georges

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Les lecteurs du Tigre déconfiné

réagissent et répondent

à l’auteur du LTD N°55

 

Merci à eux pour leur commentaire

et pour l’autorisation de le reproduire

 

 

Luc BRULIN

 

Le 12 juillet

 

 » Sur ce dernier exemplaire relatif à la discipline au Lycée, j’ai plusieurs réflexions personnelles

1. Il est communément admis que la discipline était plus sévère autrefois 

2. Tu nous montres en effet des exemplaires d’exclusion définitive pour des fautes dont certaines ne feraient sans doute pas l’objet d’une heure de colle aujourd’hui

3. On voit aussi le coté arbitraire et même méchant : Ainsi tel élève est « pourvu d’une maladie vénérienne » 

ce qui bien sur nous indique que la prétendue discipline relève surtout du conformisme moral et social

et non pas de l’éducation et surtout pas de l’instruction

3. Mais…. le but de la discipline étant en principe de rendre les élèves raisonnables et sages, force est de constater 

que la discipline à l’ancienne ne fonctionnait pas davantage que le supposé laxisme de nos jours :

les élèves sont vivants, ils ne sont pas tous pareils les uns les autres, ils font des bêtises, et c’est tant mieux. »

 

Luc BRULIN est un ancien élève du lycée Clemenceau où il a passé 14 années (de 1955 à 1969). Un record !

Il est aujourd’hui le Trésorier de l’Amicale des Anciens Elèves des Lycées Clemenceau et Jules Verne.

 

Denis DEHGAN

 

Le 12 juillet

 » C’est avec une grande attention que j’ai lu ces documents. Je les ai trouvés vraiment intéressants. Tu connais mes préoccupations relatives à l’éducation…

Je regrette deux choses dans ce règlement, c’est la censure exercée sur le courrier tout comme celle qu’on porte sur les lectures. Il me semble que le dépistage des départs en vrille et des virages vers des extrêmes imbéciles peut être pratiqué par d’autres moyens. Ce n’est pas si simple, je sais. Selon moi, une des récompenses d’un bon travail et d’une bonne tenue devrait être la liberté. Et l’exercice de la censure réservé aux élèves « à surveiller ».

La question des notes est importante, mais pas vraiment traitée ici. Je me demande si l’élève pourrait demander l’anonymat (c’est déprimant, les mauvaises notes publiques, et chacun sait qui est bon qui est mauvais, pas besoin d’en rajouter). Peut-être faudrait-il ne publier que les notes du premier tiers. Je n’ai pas tes connaissances ni ton expérience – je cherche des idées.

De manière générale, il me semble que les sanctions ne devraient pas être publiques – chaque élève en diffusant ce qu’il veut. J’ai un peu de peine à comprendre en quoi un devoir à refaire est une sanction – il me semble qu’un mauvais devoir devrait, dans l’idéal, être l’occasion d’un échange sur ce qui a été compris ou non. Cette question du niveau de compréhension est au cœur de ma réflexion depuis ma seconde : il est si simple de résoudre des problèmes avec les exemples, par copie, sans que le sens, la portée de la leçon soit compris.

Autant dire que ces phrases, « Lorsqu’un élève se refuse à accepter la discipline scolaire, lorsque les punitions ordinaires ne suffisent plus, lorsque les conseils bienveillants, l’appel aux bons sentiments restent sans effet, le mieux est de le rendre à sa famille. Le Lycée est une maison d’éducation et non un lieu de correction. » m’ont ravi. Je suppose que tu n’as pas vécu comme prof, étant donné ton grade d’excellence, des situations dramatiques comme celles dont il est question. Moi non plus, comme élève. Quoique, dans les petites classes, j’ai supporté de réels trublions…

Sur les conseils de discipline, il me semble qu’il me manque des billes pour les resituer à leur juste valeur dans le cursus général du lycée. »

 

Le 13 juillet

« J’aurais tendance à penser que ton exégèse des conseils de discipline est fidèle à la réalité. Je n’ai ouï dire de tels conseils que de manière théorique (à moins qu’ils n’aient été interdits de toute publicité). A mon sens, s’il y en avait un ou deux tous les ans sur l’ensemble du lycée, ce devait bien être le maximum – mesure effectuée avec un pifomètre étalonné déposé au pavillon de Breteuil, plus le souvenir de quelques chuchotis dans les couloirs. Clemenceau, comme le Jules Verne de mon époque, étaient bien tenus. Surtout, il y avait une large gamme de sanctions, et… la peur du bâton. La simple comparution devant le sans-cul (le censeur) n’était pas une bagatelle. Le notre s’appelait Tournier ? Turner ? (NdR : Tournaire) Originellement prof d’anglais, il avait rédigé un petit guide illustré de quelques photos sur l’Angleterre, pas mal, mais je préférais le fameux Escarpit et ses dessins vieillots. Il avait une fille, en première littéraire, l’une des premières filles du lycée.

Comparaître devant le censeur, cela m’était arrivé deux fois. Voici le récit de la seconde fois (la première n’était pas vraiment disciplinaire). Je m’entendais bien avec mon prof d’anglais (car j’étais de loin le meilleur – pas de quoi se vanter, c’était ainsi, le niveau en anglais, en français et en allemand était déplorable – pauvres profs). Il avait menacé la classe d’une sanction et par mégarde, j’avais fait ce qu’il ne fallait pas faire. C’est presque avec des excuses que cet homme délicieux m’a dit qu’il était obligé de m’envoyer chez le sans-cul. Là, j’y ai été reçu avec curiosité par Tournier – après qu’il eût lu le mot de mon prof. Turner m’a donné une longue traduction à faire dans un coin de son bureau, et j’y ai pris beaucoup de plaisir, d’autant qu’il y avait des expressions d’anglais familier que je connaissais. Il a paru surpris quand je lui ai dit que j’avais tout terminé. J’étais fier de moi – et content d’avoir travaillé, la traduction est un exercice délectable de français. Il a lu et m’a donné l’ordre de regagner ma classe. D’une toute petite voix, je lui ai demandé si je pouvais avoir la correction de ma version. J’interprète certainement quand je dis qu’une lueur amusée est passée dans son regard. Il m’a dit qu’on verrait et m’a demandé de déguerpir.« 

 

Denis DEHGAN a été élève du lycée Jules Verne puis à partir de la seconde, de septembre 1967 à juin 1970, élève du lycée Clemenceau.

Il est l’auteur du LTD N°18 « Un seconde en mai 68 » (publié le 11 juillet 2021)