Notre ami Jean-Yves Paumier
nous avait annoncé
la parution ce jour
d’un nouveau Gracq
chez Corti,
Noeuds de vie
Julien Gracq inédit – Le Figaro 2020-12-10
Noeuds de vie est paru
La quatrième de couverture :
Article publié dans La Croix (6 janvier 2021)
sous la plume de Jean-Claude Raspiengeas
Nœuds de vie »,
les paysages intimes de Julien Gracq
Critique
Treize ans après la mort de l’auteur du « Rivage des Syrtes », son éditeur exhume des carnets inédits où l’écrivain consignait sa poétique du paysage.
Ouvrir un « nouveau » Julien Gracq, un matin d’hiver… Retrouver le parfum délicat de ses passages secrets, l’élixir enivrant de sa langue si particulière, le chatoiement charpenté de son style. Lecture rêveuse, on se laisse porter par le souvenir d’anciens rendez-vous, du temps de la découverte de ses livres, qui toujours nous ravissaient.
Quand Julien Gracq, nimbé du prestige, si peu moderne, de vivre retiré, entre Bretagne et Anjou, sur les bords de Loire, à Saint-Florent-le-Vieil, qui le vit naître en juillet 1910, éloigné de la foire aux vanités parisiennes, préservait farouchement sa sérénité. Son souci de ne point paraître était confirmé par ce pseudonyme littéraire derrière lequel, à la capitale, le professeur d’histoire-géographie Louis Poirier protégeait son imaginaire d’écrivain, et par son refus, en 1951, de recevoir le prix Goncourt.
Treize ans après sa mort, le 22 décembre 2007, à 97 ans, son éditeur de toujours, José Corti, exhume des carnets dans lesquels ce voyageur inspiré ciselait une poétique du paysage, à base de contemplation, tout en égrenant des jugements acides, tempérés par la beauté, sans équivalent, d’une écriture d’orfèvre et d’un regard perçant qui décapait les apparences. Chaque paragraphe tressaille comme un matin du monde, l’invitation à une observation patiente et sensitive. Julien Gracq n’aura donc jamais cessé de dresser la topographie très personnelle d’une cartographie intime.
Les autres carnets seront publiés en 2027
En réalité, une trentaine de carnets, confiés par Louis Poirier, dorment encore à la Bibliothèque nationale de France, avec obligation d’attendre 2027 pour les publier tant certaines considérations auraient pu froisser ses contemporains. José Corti contourne ces dernières volontés avec cette publication dont les attendus ne sont pas de nature à heurter l’amour-propre de quiconque.
Pourtant, la forêt de Tronçais, Le Mans, Vierzon, le lac de Genève, les rues d’Aix-les-Bains, le lac du Bourget auraient bien des raisons de se plaindre des aperçus peu amènes de Julien Gracq. La Suisse n’est pas épargnée. Le freudisme est expédié en quelques lignes bien senties. Et Julien Gracq pressent que l’Angleterre, jadis impériale, ne sera bientôt plus qu’une « îlette hypothéquée, miteuse et banqueroutière ».
De somptueuses considérations, ombrées et précises
Mais la Sologne ne peut que louer sa perception des « vagues ténébreuses » de la sauvagerie tapie dans ses bois humides. Quel arpenteur parviendrait à dessiner avec autant de finesse et d’acuité le cadastre si mouvant des rives de la Loire ? En route vers la mer, à la sortie du pays de Bray, Julien Gracq éprouve « (…) la dilatation de cœur qui salue le rejet du souci, le passage de la ligne frontière vers les contrées de la vie sans rides ». Que les nuits d’automne tombent plus tôt, il en retire de la volupté. Mais la disparition des jardins potagers à l’approche des bourgs le désole.
→ RELIRE. La maison de Julien Gracq accueillera des écrivains et des artistes
Julien Gracq s’en remet à « l’intime douceur » des sourdes réminiscences de l’enfance. Qu’il les poursuive ou qu’elles surgissent de la nuit des temps, elles font lever l’émerveillement contenu de somptueuses considérations, ombrées et précises. Tout le ramène alors, dans « la respiration lente et balsamique de la province », à cette initiation du sensible que dispensent les plaisirs et les jours dans la constance de leur métamorphose.
JLL
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Le Figaro Littéraire
(7 janvier 2021)
Merci à Jean-Yves Paumier
Gracq 1_2 Le Figaro 07-01-2021
Gracq 2_2 Le Figaro 07-01-2021
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Libération
(9 janvier 2021)
Merci à Pierre-Louis Duméril