« 1940, les secrets de l’armistice »
Documentaire d’Emmanuel Amara, 2018,
diffusé en deux parties sur France 5.
Suite et fin le dimanche 3 février
« Rappelons que Charles Huntziger est un ancien élève du lycée Clemenceau.
Au lycée il était connu sous le nom de Clément Huntziger, mais très vite nous fîmes le rapprochement entre l’élève de la Prépa St Cyr et le futur général proche de Pétain. »
Jean-Louis Liters
Voir Julien / Biographies
A lire sur Ouest-France (édition du dimanche 27 février 2019)
Collection Privée Bruno Ledoux / Sunset Presse
Documentaire. L’enregistrement secret des négociations entre la France et l’Allemagne par Hitler a refait surface en 2015 chez un collectionneur français.
Entretien
Que contient cet enregistrement inédit ?
Les 21 et 22 juin 1940, les délégations françaises et allemandes se retrouvent dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne, pour négocier un armistice mettant fin à la bataille de France, aux conditions dictées par Adolf Hitler.
Le Führer a inauguré l’événement dans le fameux wagon de l’armistice de 1918, symbole de la revanche de l’Allemagne sur la France, et a fait enregistrer interventions et communications, à l’insu des Français. Cet enregistrement, découvert récemment, restitue l’ambiance et les voix des protagonistes de ce moment historique majeur.
Comment un tel document réapparaît-il, soixante-quinze ans plus tard ?
En 2015, un Français collectionneur des périodes napoléoniennes et de la Seconde Guerre mondiale, Bruno Ledoux, a acheté aux enchères à Munich un coffret de quarante-cinq disques 78 tours, indiquant « les 21 et 22 juin 1940 » et Verhandlung (négociation). C’est vraisemblablement l’unique copie de l’enregistrement de Compiègne, envoyée par Hitler au maréchal Pétain. En 1944, lors de son départ à Sigmaringen (Allemagne), le chef du régime de Vichy l’aurait emportée, puis confiée à un diplomate ami. Bruno Ledoux m’avait parlé de cet enregistrement à la suite d’un précédent documentaire, Les derniers jours d’Hitler, pour lequel j’avais utilisé des documents du dictateur nazi issus de sa collection.
Qu’est-ce qui est le plus frappant ?
On y entend notamment le chef de la délégation française, le général Charles Huntziger, accepter de signer l’armistice quasiment les larmes aux yeux. Et, à l’inverse, on est frappé par la froideur du général Weygand quand Huntziger lui annonce au téléphone que l’armistice vient d’être signé, sans un mot de réconfort pour Huntziger ni pour la France, livrée pieds et poings liés. On entend aussi les Français tergiverser pour quelques avions, alors que l’aviation n’est pas la pièce maîtresse de notre armée. Et accepter sans grande résistance de livrer les « ennemis de l’Allemagne » réfugiés en France, après avoir pourtant affirmé qu’il s’agirait d’une atteinte inacceptable à l’honneur de la France.
Comment l’armistice s’est-il imposé contre la volonté du chef du gouvernement ?
En signant cet armistice, la France reniait son traité d’alliance avec la Grande-Bretagne. Le chef du gouvernement, Paul Reynaud, envisageait de capituler sur le territoire métropolitain et de poursuivre la guerre depuis l’empire colonial, aux côtés de la Grande-Bretagne. Mais il a sous-estimé le pouvoir du général Pétain, âgé de 84 ans. En outre, les militaires refusaient la capitulation, synonyme de déshonneur militaire, et reportaient la responsabilité de la défaite au politique, qui devait donc se charger de demander un armistice. Il faut reconnaître que Charles de Gaulle, alors sous-secrétaire d’État à la guerre, était l’un des seuls militaires, alors que la France était en plein chaos, à soutenir la capitulation et la continuation de la guerre.
Propos recueillis par Sonia LABESSE.
France 5, 22 h 40 (ép. 1/2).