Compte tenu du calendrier,
un lundi cette année,
la commémoration a été organisée
au Lycée Clemenceau
le jour même et non pas la veille
du 11 novembre
Les trois parties prenantes et invitantes, le Lycée Clemenceau, l’Amicale des Anciens Elèves des lycées Clemenceau et Jules Verne, le Comité de l’Histoire du lycée Clemenceau, étaient représentés respectivement par David Couronné, proviseur-adjoint, Evelyne Kirn, vice-présidente, et Jean-Louis Liters, président.
Le proviseur du Lycée Jules Verne, Eric Bourogaa, avait répondu à l’invitation de l’Amicale des Anciens Elèves.
Eric Bourogaa et David Couronné
David Couronné et Evelyne Kirn devant le Monument aux morts
Jean-Pierre Regnault, ancien Intendant et secrétaire du Comité de l’Histoire,
avec
Nora Senhaji, ancienne élève et ancienne rédactrice des Griffes du Tigre
Extrait de la prise de parole
de Jean-Louis Liters
Jean-Louis Liters (Photo Evelyne Kirn)
Avec les guerres le carnage, la mort et les destructions !
Les pertes matérielles sont certes un moindre mal et le lycée fit son bilan, il y a 80 ans, alors qu’il était libéré de son dernier soldat.
On sait que le 23 septembre 1943, le Lycée Clemenceau, proche de la gare, reçut son contingent de bombes, qui démolirent l’aile proche du Jardin des Plantes, et anéantirent par les effets du souffle les cuisines, l’infirmerie, la chapelle et endommagèrent divers bâtiments. Le Lycée fut alors officiellement fermé pour l’année scolaire 1943-44 et la population scolaire évacuée et dispersée.
En juillet 1944 de nouvelles déflagrations provoquèrent de nouveaux dégâts… Mais dès la Libération, les Administrateurs du lycée entamèrent les démarches nécessaires à sa réouverture et obtinrent gain de cause. Mais dans quel état était le lycée ?
Ecoutons le proviseur GOCHE, arrivé au lycée le 15 novembre 1944, appelé à succéder au proviseur CAMENEN :
« Les préparatifs de rentrée commencèrent donc. Mais les pillages s’étaient succédés, avec les divers occupants, civils ou militaires. Après le départ des Allemands, vinrent divers contingents de réfugiés ou sinistrés évacués, de formations F.F.I., enfin d’Américains. Le dernier soldat américain quitta le Lycée le 14 Novembre 1944, alors qu’officiellement la réquisition était levée depuis le 15 Septembre.
l’Administration Collégiale, est-il besoin de le dire, avait multiplié les efforts et les démarches dès le 18 Août pour essayer de récupérer une partie de son matériel d’externat (car de celui de l’internat, il n’en fallait plus parler). M.CAMENEN, Proviseur, et M. NICOLAS, Econome, faisaient de leur mieux pour improviser une rentrée, au moins partielle, et jetaient les bases d’un aménagement provisoire, quand la Préfecture, alarmée de la ruée en masse des anciens habitants vers Nantes blessée, car on passa de 25 000 habitants en septembre 1944 à 145 000 en décembre de la même année, la Préfecture donc prit un arrêté interdisant toute rentrée avant le 20 novembre. Les classes préparatoires aux Grandes Ecoles furent quand même admises à fonctionner dès le 20 octobre au Petit Lycée, rue du Général Meusnier, qui avait également reçu des bombes mais avait conservé son matériel.
Quand j’arrivai pour succéder à M. CAMENEN le 15 novembre 1944 le bilan de la guerre et de l’occupation n’était pas encourageant pour le malheureux Lycée Clemenceau et pour son nouveau Proviseur. Bâtiments en grande partie sinistrés (aile gauche de la façade, bureau et appartement du Proviseur, secrétariat et archives), Bibliothèque des Professeurs évacuée au Musée des Beaux-Arts, Bibliothèque classique dispersée et détruite en partie avec le secrétariat. Cuisine à réparer entièrement. Chauffage central, complètement modifié par les Allemands, à refaire en totalité. Infirmerie et classes des petits, ainsi que la chapelle, sans toiture et livrées aux intempéries; salles de classes, dortoirs et préaux cloisonnés et transformés en chambrettes pour Messieurs les Sous-Officiers de la Kriegs Marine, salles de dessin éventrées, sans toits ni fenêtres… plus un lit… plus un matelas… plus une couverture ! …
Les deux tiers du matériel scolaire disparus ! La salle de Travaux Pratiques de Chimie inutilisable et en partie pillée ! Plus d’installation téléphonique.
Un total de plus de trois mille vitres à placer aux fenêtres, à condition naturellement que les chassis fussent intacts, ce qui n’était pas souvent le cas ! En revanche les jardins de la Cour d’Honneur avaient disparu pour laisser la place à des abris inesthétiques mais nécessaires. La Grande Cour, autrefois divisée en trois parties, ne comptait plus de séparation ni d’arbustes ni de commodités. Tout cela avait été rasé. Par contre des fosses pour recevoir les camions en garnissaient le pourtour, deux énormes blockhaus bétonnés servant d’abris antiaériens encombraient , et l’un encombre toujours, deux cours sur trois, accompagnés d’un long édifice central servant de logements auxiliaires et de bureaux. Et partout des ordures, des immondices, des tas de cendres et de mâchefer, des débris de verre, des briques cassées, des tessons de bouteilles, des paquets d’uniformes crasseux et dépareillés de la Wehrmacht, des loques graisseuses, etc…, etc…, et il fallait cependant rentrer !…
On rentra ! Le 20 novembre 1944 le Lycée Clemenceau reprenait son activité.«